La région de l'Extrême-Nord est la deuxième région la plus peuplée du Cameroun et aussi l'une des plus pauvres. La crise sécuritaire liée à Boko Haram depuis 2013 et l'impact du changement climatique détériorent davantage les conditions de vie des communautés locales. Les faibles récoltes enregistrées lors des saisons des pluies perturbées sont rapidement épuisées dès février ou mars, parfois même dès janvier, laissant place à des pénuries alimentaires et à une hausse des prix sur les marchés. Le prix d'un sac de millet, le principal aliment de base local, ne cesse d'augmenter d'année en année. Les familles pauvres ont du mal à se faire des repas de qualité et en quantité suffisante pendant la période de soudure. La période de soudure commence plus tôt et dure plus longtemps, ce qui a des conséquences dramatiques sur la sécurité alimentaire, la nutrition et la cohésion sociale des communautés.
Outre ces difficultés, la population est poussée à cultiver du coton, une culture qui n'est pas destinée à la consommation directe et dont la politique de prix de vente est fixée par le bailleur de fonds. De plus, il est de plus en plus rare de trouver des semences naturelles, car tout est génétiquement modifiée. On ne peut pas planter deux fois de suite des graines issues de la même récolte. Ces semences sont également chères. Elles sont donc difficilement accessibles aux personnes pauvres et vulnérables.
Cette situation ne contribue pas à améliorer les conditions de vie des femmes. Dans cette région du Cameroun, les mères sont en général chargées de la garde des enfants, du nettoyage de la maison, de la cuisine et de l'approvisionnement en eau pour la famille (une eau qui se fait d'ailleurs de plus en plus rare). Elles doivent parfois parcourir plusieurs kilomètres à pied pour trouver un puis ou remplir un ou deux seaux d’eau pour les besoins de la famille pour une journée.
Culturellement, beaucoup de gens dans cette région pensent que l'éducation des filles et des mères n'est pas vraiment une priorité. Elles sont donc destinées à rester à la maison. Leurs maris partent travailler pour ramener de l'argent pour faire vivre la famille. En cas d'invalidité ou de décès de l'homme, la femme se retrouve démunie et sans aucun moyen de subvenir aux besoins de la famille étant donné que dans cette culture, la femme ne peut pas prétendre à un héritage de son mari ou de la famille.